Je dois vous avouer que la première partie de l’exposition ne m’a pas beaucoup attirée, bien que l’introduction soit pertinente mettant en avant les textes, tableaux et objets que nous ont légués les civilisations antiques ou les plus reculés.
Pour resituer le contexte de cette exposition et de son contexte, elle a été initiée autour de la célébration du 150ème anniversaire du tableau « Impression, soleil levant » de Monet.
53 prêteurs ont permis à cette exposition de vivre pour présenter une centaine d’œuvres s’étirant de la période antique à nous jours.
La première partie de l’exposition est plutôt dédiée à l’art ancien et aux instruments de mesure provenant de l’Observatoire de Paris, mettant en lumière – sans mauvais jeu de mots – l’évolution de l’astronomie qui aura décrypté au fil du temps les mystères du Soleil.
Le tableau « Impression, soleil Levant » apparaît comme le curseur médiant, annonçant la période moderne durant laquelle les artistes modernes et contemporains renoueront avec des approches symboliques ou poétiques.
Partons donc du motif initial de l’exposition : le tableau de Monet « Impression, soleil levant »
Une esquisse exécutée rapidement pour saisir le moment atmosphérique, elle a été cataloguée sous le titre « Impression : soleil levant » lorsqu'elle a été exposée en 1874 dans la première exposition du groupe, décrit simplement comme la Société Anonyme des Artistes-Peintres.
Alors que ses aînés travaillaient en atelier d’après des esquisses, Monet va plus loin et peint directement sur le motif
On attribue à cette peinture l'inspiration du nom du mouvement impressionniste.
Le soleil est sans aucun doute le point central de la composition de ce tableau, dominant la composition par un dessin net aux teintes chaudes, tranchant avec l’atmosphère humide du port baigné dans la brume.
Vous le croirez ou non, des chercheurs ont essayé de déterminer si ce soleil était levant ou couchant…
Bien que cela n’apporte rien de plus à ce tableau, on sait de manière certaine que le tableau date du 13 novembre 1872 à 7h35 du matin, soit 30 minutes après l’aube.
Claude Monet a peint cette toile en quelques heures, de la chambre de son hôtel sur le Quai de Southampton. Il ignorait alors qu’elle marquerait un véritable tournant dans l’Histoire de l’Art !
Ceci permet de s’interroger sur la représentation du soleil couchant ou soleil levant et la manière dont les artistes ont pu aborder ce problème.
Il semblerait que Gérard Fromanger n’ait pas chercher l’instant mais le Soleil comme dominant dans ce tableau « Le Soleil inonde ma toile » datée de 1966.
L’exposition se décline ensuite chronologiquement en plusieurs tableaux, reprenant la thématique du soleil comme dénominateur commun, au gré des saisons et de l’imagination de l’artiste: André Derain dans un tableau pointilliste , Camille Pissarro qui allie le soleil dans un effet de neige dans Vue de Bazicourt, Felix Valloton ou encore Paul Signac.
Un coup de cœur pour ce tableau de Valdemar Christian Schonheyder Moller : Coucher de Soleil à Fontainebleau en 1896.
Un tableau moderne de cet artiste danois : un tableau spectaculaire dans lequel le soleil est mis en scène au travers d’un rideau d’arbres. Le soleil puissant perce et l’éblouissement est traduit par la présence d’un halo blanc légèrement jauni.
On pourrait quasiment croire à une impression photographique surexposée.
Observez ce soleil évanescent au centre noir, en éclipse témoin d’une crucifixion mis en scène par Franz Von Stuck datée de 1906. L’instant dramatique de la scène est portée par le soleil dans un halo rougeoyant, symbole du sang du Christ, et d’un ciel rose symbole de sa souffrance dont le Ciel et la Terre sont témoins . Le peintre associe ce thème de la Passion au phénomène de l’éclipse qui augmente le pathétique de la scène : la pénombre est quasi surnaturelle, comme si le divin était témoin de cette scène.Plus encore le visage du Christ rayonnant illumine les figures de sainte madeleine et de la vierge. Un rapport entre la naissance du christ et le soleil.
Dans un autre style : le soleil flamboyant et rayonnant dans ce tableau d’Otto Dix, où l’on pourrait y voir une influence de Van Gogh - un tableau gris, sombre, désespéré, imagé par les oiseaux de malheurs, annonciateur de catastrophes allié au soleil, symbole d’espoir.
Dans un répertoire positif, Sonia Delaunay propose une étude du soleil dans ses contrastes par l’étude de la lumière solaire, de son spectre et de ses effets sur la vision. Les contours sont brisés faisant disparaitre les formes au profit de plans colorés.
Une découverte : ce tableau de Vladimir Baranov-Rossiné qui superpose ses Nymphes et Centaures en enchevêtrement de cercles dans un spectre de couleurs, comme une machine futuriste dans un système solaire, symbole de l’homme soumis au cycle du soleil.
Un bel ensemble de sculptures de Calder, couplé à un tableau de Miro « Femme et oiseau » qui appartient à un ensemble appelé « Constellations »
Pour clôturer cette visite ce grand tableau de Gérard Fromanger intitulé « Impression soleil levant » daté de 2019.
Invité par le musée Marmottan-Monet à créer un tableau original en résonnace avec ses collections, le peintre propose sa version à 150 d’intervalle.Anneaux concentriques et sphères colorées nous emmène dans un univers purement symbolique qi emprunte son modèle à un modèle du 12ème siècle : celui de la voûte céleste ornant la coupole de l’ermitage de San Galgano en Italie .
Comme je vous l’ai dit, la première partie de l’exposition ne m’a pas passionnée et la thématique n’est qu’un prétexte à voir et revoir des tableaux d’artistes impressionnistes et modernes.
Ne vous arrêtez pas là : allez voir les collections permanentes du musée au sous-sol, une merveille.
Elodie Couturier, Expertisez.com
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